Toi à qui il est arrivé de respirer dans l’analyse,

sauras-tu jamais qu’un grand souffle d’air frais a balayé le champ freudien après Lacan ?

Il se nommait Jean Allouch

 

Tú, que respiras el aire que te da el psicoanálisis

¿sabías que una ráfaga de aire fresco atravesó el campo freudiano después de Lacan?

Se llamó Jean Allouch

À propos de la revue neutre

Appeler « neutre » une revue de psychanalyse peut surprendre. Cette mise provient de la distinction de deux analytiques du sexe, l’analytique du lien, celle du lieu, mais où le deux échapperait au binarisme. Comment répondre à la question du genre, ouverte par les études gays et lesbiennes ? La déclaration de Lacan : « Il n’y a pas de rapport sexuel » libère de nouvelles propositions pour l’analyse. Finie la distinction normal/pathologique. La volonté s’exerce aux côtés du soulèvement. Place est donnée à l’altérité littérale. Un accueil décisif est fait à la folie par la prise en compte de la valeur propre de la parole insensée. L’objet s’efface tout doucement. Le lieu de l’Autre se réduit à… un lieu. La cause perd de sa portée. Le statut de l’image valorise sa puissance érogène. L’accent est mis sur le caractère « troumatique » (Lacan) de la fin de l’analyse. Quelle conséquence pour l’érotique ?
La mise en ligne de neutre propose à ses lecteurs l’exploration de tout « ça ».

revue neutre n°1

Analytique du lien, analytique du lieu

Le neutre est invendable ! Barthes l’a constaté. Il a néanmoins tenu son cours.
Serait-ce une des raisons pour laquelle, présent à l’orée même du champ freudien, le neutre n’y avait pas été pris au sérieux ? Confondu avec une prétendue neutralité qui, bienveillante ou pas, relève plutôt d’une prétendue impartialité, c’est-à-dire d’un parti, par chacun-e, déjà pris, et c’est raté. Ce « drôle de genre » affleure aujourd’hui, porteur de scandale, dans certains propos qui abondent. Inconnu pourtant, bien que fruit chu de l’expérience analytique, quand chaque analyste se trouve forcé de « réinventer » la psychanalyse.
Une réinvention en cours éclaire le parcours du mouvement analytique, fait de débats, de schismes et de scissions. Allouch repère chez Lacan la distinction de deux analytiques du sexe (celle du lien, de l’objet et celle du lieu, célibataire), ce qui ouvre d’emblée l’interrogation du passage de la première à la seconde. Avec l’incidence du lieu, un registre du neutre s’impose. Peut-il éclairer le propos énigmatique de Lacan selon lequel « il n’y a pas de rapport sexuel » ? Il en est la suite.
Déjà, se manifeste une étonnante vitalité. Des termes jusque-là négligés par l’analyse : la volonté, la liberté, l’honneur prennent place. Ou bien sont revisitées des notions telles que le deuil, le passage à l’acte, l’image.
De quoi s’agit-il avec le neutre ? D’une déclaration ? De quelle déclaration s’agit-il alors ? Qu’est-ce qu’une déclaration neutre ?
En quoi intéresse-t-elle la psychanalyse, et depuis quand ? Depuis l’époque où Freud et Groddeck échangeaient une vive correspondance d’où fut promu le pronom substantivé Es ? Cette notion est-elle établie de façon définitive à prendre ou à laisser ? Non car elle évolue encore, pas à pas, faisant apparaître de nouveaux horizons.
Des auteurs plongés dans l’oubli resurgissent, tel István Hollós et sa contribution décisive qui l’amène à accueillir la folie loin de la ségrégation psychiatrique de son temps. La tradition littéraire y trouve son mot à dire : on découvre chez Claudel une distribution de l’érotique dans deux registres différenciés. Et voilà le duende qui pointe le bout de son nez avec Garcia Lorca.
Une figure originale de l’exercice du neutre pour la psychanalyse se dessinera-t-elle à partir de cette revue ? Il appartiendra à la lectrice comme au lecteur d’en juger au fil des parutions.
Mise en ligne, la revue neutre restera d’accès libre à quiconque paraissant sans paresser deux fois l’an.

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